Maria Reynolds : la femme du premier scandale sexuel politique américain

L'affaire Hamilton-Reynolds est entrée dans l'histoire comme le premier scandale sexuel politique américain, qui a ruiné les chances d'Alexander Hamilton de devenir président.

Drame, sexe, chantage, secrets - même l'un des grands ancêtres de l'Amérique n'était pas à l'abri des pièges des pulsions humaines, semble-t-il.

Certains d'entre vous connaissent peut-être déjà tous les détails de cette sordide affaire, qui ont été popularisés dans l'une des comédies musicales les plus populaires de Broadway, Hamilton.

Cependant, on sait peu de choses sur la femme impliquée dans ce fameux scandale.

Elle s'appelait Maria Reynolds et voici son histoire.

Des débuts modestes

Maria Lewis n'est pas née riche ou aisée, contrairement à de nombreux personnages de ce chapitre américain malicieux.

Née à New York en 1768, elle est la fille du marchand/ouvrier Richard Lewis et de Susanna Van Der Burgh.

Les Lewis n'étaient pas très riches. Son père, Richard, ne savait pas signer son nom, mais sa mère le savait. Maria a donc grandi en sachant au moins lire et écrire, mais sans grande instruction.

Elle avait un demi-frère et cinq frères et sœurs.

Mariage avec James Reynolds

Maria a épousé James Reynolds à l'âge de 15 ans.

On ne sait pas grand-chose de l'histoire de James. Il avait servi dans le service de l'intendance pendant la guerre d'Indépendance. Il était âgé de quelques années de plus que Maria.

Ils ont eu une fille, Susan, née le 18 août 1785.

Personne ne sait s'il a eu un emploi stable pour subvenir aux besoins de sa famille après la guerre, mais il a souvent essayé de réclamer des dommages-intérêts pour se faire rembourser par le gouvernement.

L'affaire Hamilton-Reynolds

La famille Reynolds s'est installée à Philadelphie avant 1791 et c'est là que s'est produite la chaîne d'événements qui a fait boule de neige.

Cet été-là, Maria frappe à la porte de la maison d'Alexander Hamilton, où elle raconte les mauvais traitements que lui a infligés un mari cruel qui l'a abandonnée.

Elle lui demande une aide financière pour qu'elle puisse retourner auprès de ses amis à New York. Alexander est prêt à l'aider.

Ce soir-là, il se rend à la pension de Maria avec l'intention de lui remettre un billet de 30 dollars.

À propos de cette visite, M. Alexander a déclaré

"J'ai demandé à voir Mme Reynolds et on m'a fait monter les escaliers, au bout desquels elle m'a accueilli et m'a conduit dans une chambre. J'ai sorti le billet de ma poche et je le lui ai donné.

"Une conversation s'ensuivit, à l'issue de laquelle il apparut rapidement qu'une consolation autre que pécuniaire serait [également] acceptable".

C'est ainsi que la liaison a commencé. Elle avait 23 ans, il en avait 34. Elle n'a duré que quelques mois, mais Hamilton en a payé le prix fort.

Découverte, chantage et extorsion

Naturellement, le mari de Maria découvre la liaison.

On peut se demander s'il a vraiment eu le cœur brisé, compte tenu des actions qu'il a menées par la suite. Il a rapidement reconnu que cette liaison était un moyen d'obtenir de l'argent facilement.

Par la suite, il fait chanter Alexander Hamilton en lui faisant d'abord payer 1000 dollars, en lui promettant de se taire et de quitter la ville.

Mais il ne l'a pas fait. Au lieu de cela, il a demandé plus d'argent.

Comment ?

Il a encouragé Alexander à continuer à voir sa femme et à lui verser 30 à 50 dollars à chaque visite.

Maria était soit totalement complice du chantage, soit manipulée par son mari. Quoi qu'il en soit, elle continuait à écrire des lettres et à "séduire" Alexandre chaque fois que son mari était absent de la maison.

"Une beauté en détresse

L'apparence physique de Maria Reynolds est peu ou pas décrite.

Une connaissance d'Alexander a dit que "son visage innocent semblait montrer un cœur innocent".

Certaines personnes ont observé qu'elle était très émotive et qu'elle pleurait facilement.

Dans son projet initial de Pamphlet de Reynold, Hamilton l'a qualifiée de " une beauté en détresse". et un " jolie femme".

Ces phrases n'ont toutefois pas été utilisées dans le travail publié.

La brochure Reynolds

James Reynolds a, d'une manière ou d'une autre, entraîné le nom d'Alexander Hamilton dans une affaire d'escroquerie qui impliquerait ce dernier dans une affaire de corruption.

Plutôt que de risquer sa carrière politique, il a avoué sa liaison à un autre groupe d'hommes politiques qui ont accepté d'y mettre fin et de ne plus en parler.

L'affaire n'a été rendue publique que cinq ans plus tard.

Cependant, des copies des lettres échangées entre Alexander et les Reynolds sont tombées entre les mains de son ennemi de longue date, Thomas Jefferson.

L'équipe de Jefferson participe à la publication d'un pamphlet qui relance les accusations sur l'implication d'Hamilton avec Reynolds et son ami Cling man. Le pamphlet suggère que la liaison n'était qu'une couverture pour des transactions financières douteuses.

Alexander Hamilton riposte en publiant son propre pamphlet de 95 pages, dont les 37 premières contiennent les détails de sa liaison et de l'extorsion qui s'en est suivie.

Maria a dû affronter le mépris du public et vivre le reste de sa vie dans l'obscurité.

La vie après la liaison

Peut-être que Maria n'était pas destinée à une vie tranquille après tout. Des choses intéressantes se sont produites après que leur liaison a été rendue publique.

En 1973, avec l'aide d'Aaron Burr, Maria réussit à divorcer de son mari. Avant le divorce, elle vivait avec Jacob Clingman, un vieil ami de James.

Elle a ensuite épousé Clingman et s'est installée à Alexandria, en Virginie.

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Lorsque le pamphlet Hamilton-Reynolds a été publié, le mépris du public à l'égard de Maria a été tel qu'il l'a poussée, ainsi que son second mari, à quitter l'Amérique.

Elle est revenue plusieurs années plus tard sans Clingman, mais aucun acte de divorce n'a été trouvé.

Maria est alors employée comme femme de ménage par le Dr Mathew.

En 1800, sa fille Susan est envoyée dans un pensionnat à Boston, sous la responsabilité du député William Eustis et d'Aaron Burr.

Maria épouse son employeur en 1806 et devient Mme Mathew. Deux ans plus tard, Susan vient vivre avec eux.

Nous pouvons supposer que ce tournant a été la fin heureuse de Maria. En tant que Mme Mathew, elle était très respectée dans la communauté en tant qu'épouse d'un médecin.

Elle se tourne vers la religion et rejoint l'église méthodiste, laissant officiellement son passé derrière elle.

Une connaissance a déclaré que Maria était "très aimable et belle" et qu'elle "jouissait de l'amour et de la bonne volonté de tous ceux qui la connaissaient".

Maria est décédée le 25 mars 1828.

Il est intéressant de noter qu'en 1842, un marchand du nom de Peter Grotjan affirme avoir rencontré Maria bien des années auparavant. Maria lui aurait dit qu'elle avait écrit son propre pamphlet, expliquant sa version de l'affaire Hamilton-Reynolds.

S'il a existé, il n'a jamais été publié.

Mais s'il l'avait été, nous aurions peut-être connu une histoire plus complète du premier scandale sexuel politique de l'histoire des États-Unis.